Le week-end dernier avait lieu la "fiesta de egresado" de ma faculté de communication. C'est une fête organisée par les étudiants de 4ème année destinée à marquer la fin de leur scolarité. Chaque étudiant participe financièrement à la "location" d'une boite de nuit et peut inviter une trentaine de personne à y venir.

Abandonné par Eric qui "devait travailler" (parfois Eric est encore plus drôle que Coluche) et par Seth, l'Américain de l'immeuble, qui n'avait pas trop envie d'aller dans une soirée ou il ne connaissait personne, je doutais fortement de ma motivation à me rendre dans ce lieu de perdition. Il faut préciser, à ma décharge, qu'outre le fait que je sois loin d'être un fanatique des boites de nuit, les soirées commencent beaucoup plus tard en Argentine... Lorsque j'ai demandé à Ana vers quelle heure elle pensait arriver à la fête, elle m'a répondu 1h00 - 1h30. Du matin. Si si. A cette heure là, le petit vieux que je suis a normalement déjà pris sa verveine, retiré ses pantoufles et dort du sommeil du juste. Bon, j'exagère peut être un peu quand même. Mais disons que je ne m'imagine pas vraiment sortir de ma maison à une heure aussi avancée de la nuit. Et bien là, vous me croirez si vous le voulez, mais je suis parti de chez moi à 2h15. Hé ouais.
Et là, premier effet kisscool, devinez qui je croise à l'entrée de la boite... Fini, l'Argentine de Paris. J'ai donc du faire 5 boites depuis que je suis ici, et j'ai réussi à la croiser deux fois, pas mal hein ? Non, ne me dites pas que c'est un signe, elle était avec son copain. Un nouveau. Bref, moi qui essayais désespérément de la joindre depuis deux semaines, je sais comment faire maintenant. On dit que le monde est petit, mais à ce point...
Deuxième effet kisscool : il y a un monde fou dans cette boite, et je ne reconnais personne ou presque. Jusqu'à ce que je finisse par tomber sur un podium ou danse la moitié de ma classe, passablement éméchée (enfin j'espère...), puis sur le groupe Ana / Inès / Martin & Co. Tout le monde m'interpelle, me fait la bise (oui, on se fait la bise entre mec également), me prend par les épaules... Entre la lumière quasi inexistante ou stroboscopique, les coiffures passablement étranges de mes acolytes (non, je n'ai pas dit alcooliques) après deux heures à danser et le fait qu'ils me parlent à moins de 30 cm du visage, j'ai du mal à reconnaître exactement à qui je fais la bise et à qui je parle, mais ce n'est pas très grave : je souris et ils ont l'air content.
Au final j'ai passé une bonne soirée en boite. C'est toujours loin d'être le truc qui me botte le plus, mais sur l'échelle des soirées en boliches c'était pas mal.

Ca c'était pour le vendredi soir. Samedi soir je suis allé à Catedral, une milonga (lieu ou l'on peut danser ou regarder les gens danser le Tango, je vous en ai déjà parlé dans un ancien post) avec Seth et John (un ami américain de Seth). L'idée était double : leur faire découvrir le lieu (ils n'y étaient jamais allés) et rencontrer Alex, une collègue / chef de stage chez Grrrey !, à l'occasion de son dernier jour de vacance en Argentine.
La première partie de soirée a été quelque peu confuse : les deux Américains commandent des boissons imbuvables suite à des problèmes de précisions linguistiques, les plats proposés sont assez peu copieux (il est assez rare que je puisse compter -sur une main !- le nombre de ravioles présents dans mon assiette. Je veux bien croire qu'ils étaient gros, mais il y a quand même des limites...) et l'ambiance était résolument américaine tout autour de nous. La raison est assez simple, si j'ai bien compris ce que disaient les gringos avec qui mes deux compagnons ont engagés la conversation : l'un d'eux venait d'achever la construction d'un hôtel près de la UCA et avait invité ses amis à venir fêter l'événement. Bon, et bien tant pis pour l'ambiance, quelque peu compensée par des américaines venues nous rejoindre à notre table. Jolies mais résolument trop jeunes.
Après quelques minutes à dérouiller mon anglais en milieu bruyant, Alex finit par arriver et je change de groupe pour rejoindre le sien, composé de deux autochtones et d'une Italienne. L'anglais est donc oublié au profit d'un mélange de Français, d'Italien et d'Espagnol, chacun utilisant la langue qu'il maîtrise le mieux. J'en profite pour prendre des nouvelles de ° GRRREY ! (allez, je vous le fais à la sauce espagnole ^.^) qui ne sont globalement pas très bonnes, avant qu'Alex ne s'échappe sur la piste de danse pour mettre à profit ses cours de Tango parisiens.
Nous sommes restés jusqu'à la fermeture, vers 5h30. C'est assez sympa puisqu'en fin de soirée il y a de moins en moins de monde sur la piste, et ceux qui restent dansent globalement assez bien. Ce soir là il y avait un trio qui faisait un mélange de Tango et de dans moderne assez agréable à regarder, alors que je ne suis à la base pas trop branché la dessus.
D'un autre côté j'aime bien aussi regarder les gens danser quand il y a de nombreux couples sur la piste : le mélange des styles m'amuse beaucoup. Certains débutent, timides, tenant maladroitement leur partenaire par la taille, le regard fixé sur leurs chaussures afin de ne piétiner personne. D'autres, plus avancés, enchaînent figure sur figure, se déplacent sur la piste à une vitesse folle, et ils tournent, ils dansent comme des soleils crachés, dans le son déchiré d'un accordéon rance. Quelques uns tentent des innovations, recherchant dans le regard de leur partenaire un quelconque signe d'encouragement ou de "mais qu'est-ce que tu est en train de me faire, là ??" tandis que d'autres semblent dans leur propre monde, avançant lentement, à leur vitesse, sans se soucier des autres. Les prises de main diffèrent également : certains les joignent les bras tendus loin sur le côté alors que d'autres les recroquevillent jusqu'à se toucher la tête. Certain sont collants, d'autres au contraire très distants. Bref, à l'instar de chaque individu, le Tango lui aussi est unique.
Le lieu en lui même vaut également le détour. Pas forcement un grand détour, mais si vous êtes dans le coin ça vaut le coup. L'entrée ne paye pas de mine puisque cela ressemble un peu aux entrées de bâtiment que l'on voit dans les films policiers, là où vendeurs et acheteurs de drogue se retrouvent pour procéder à la transaction. Sauf que dans notre cas la personne qui est à l'entrée ne porte pas d'arme et nous souhaite la bienvenue. Un escalier nous emmène jusqu'au vestiaire, puis l'on accède à la seule et unique salle de l'établissement en passant sous une tenture. L'arrivée surprend un peu lorsque le lieu est rempli puisque l'on débouche presque en plein milieu de la piste de danse, les tables et le bar étant toutes situés à l'opposé. Il vaut mieux arriver tôt, sinon les chances de trouver une table de libre sont presque nulles. La décoration du lieu est un mélange d'objets bruts et de tableaux d'art modernes, le tout sur des murs laissés tel qu'ils avaient été construits. C'est un peu "trash" comme genre, si je devais le définir. C'est amusant. Une guirlande circulaire d'ampoules multicolores placée au dessus de la piste de dans donne un petit air de bal populaire lorsqu'elle est allumée. L'endroit n'a de Catedral que le nom est la hauteur de son plafond, assez impressionnant.

Le lendemain, dimanche, était prévu un pique-nique pour lequel j'avais essayé de rassembler des Argentins et des étrangers, histoire de mélanger un peu tout ça. Je me suis donc levé, encore a moitié endormi, pour préparer notre repas avec Eric. A peine finis les préparatifs, et alors que nous chaussions nos baskets pour nous rendre sur place, il commence à pleuvoir. Cela ne s'arrêtera pas avant la tombée de la nuit. Contre mauvais fortune bon coeur, on a mangé nos sandwiches en regardant la TV, bien installé au sec sur nos canapés. Je pense (heureusement) que personne n'y est allé. Je n'ai reçu aucun mail furieux pour le moment en tout cas, je touche du bois. Je vais essayer, comme Danette, de remettre ça ce week-end, avant que les étrangers ne repartent chez eux et les autochtones en vacance.