Je prends le bus depuis Uyuni vers 19h30 pour me rendre à Potosi, une ville minière au nord-est de là où je me trouve. Après un retard (prévisible) du bus et quelques demi-tours consécutifs (non prévus) au beau milieu de la ville, nous voilà partis. Partis jusqu'à ce que l'on croise un semi-remorque bloqué en plein milieu d'un virage, en pleine montagne. Impossible de le dégager. Voila donc les voyageurs en train de sortir les pelles et d'élargir la voie pour que notre bus puisse passer. Après une petite demi-heure de travail, c'est reparti. Arrêt un peu plus tard à un restaurant pour manger, pour ceux qui ne l'avaient pas fait. Et là grosse surprise : à peine sortis du bus les Boliviens se mettent à pisser n'importe où sur le bord de la route, hommes et femmes confondus. Et à cracher où bon leur semble. Tant qu'on y est, autant en profiter... Etrange...

Arrivé à 5h du matin (au lieu de 2h), j'ai la possibilité de rester dormir dans le bus jusqu'à 6h ou de suivre Nicolas et Mariano, deux Argentins rencontrés durant le trajet. J'opterai pour la seconde option. Après 3h de marche dans la ville et de recherche d'un logement peu cher (Nicolas sera affreux pour ça durant toute notre cohabitation), nous finissons par nous affaler dans un lit et dormir quelques heures.
Vers 13h, nous émergeons doucement et nous mettons en quête d'un resto (pas cher, of course) pour manger. Il se mettra, saison des pluies oblige, à pleuvoir des cordes au moment où nous nous apprêtons à sortir. Partagés entre le souhait de rester au sec et celui de ne pas passer notre journée dans le resto, nous finissons par nous rendre en courant au musée de la monnaie, situé peu loin d'ici. Le musée comporte des salles d'art "religieux" (ça j'aurai toujours du mal) et surtout des objets et des explications en rapport avec la fonction initiale de la maison de la monnaie : frapper des pièces d'or et d'argent du temps des Espagnols jusqu'au milieu du XXème siècle. Nicolas et Mariano tenteront de visiter le musée en fraude, mais se feront mettre dehors.
Nous nous retrouverons quelques heures plus tard pour aller récupérer nos fringues à la laverie et manger un poulet frites. Le coup de la laverie, ça fait un peu 36 15 MA VIE, mais avoir des chaussettes propres et un T-shirt redevenu presque blanc, c'est un vrai rayon de soleil dans la vie d'un mochilero.
Jour sans cependant : j'aurai à déplorer la perte de 20 dollars (incapable de savoir où j'ai bien pu les perdre, moi qui ne perds jamais rien) et d'un slip. Bon, le slip j'irai le récupérer le lendemain à la laverie (à la plus grande surprise de mes compagnons de route, qui ne l'auraient jamais fait...) mais les 20 dollars non.

Le lendemain, c'est le jour de la visite des mines. Potosi est en effet connue pour ses mines d'argent, zinc, etc. où les mineurs travaillent encore comme il y a un siècle : ils creusent à la main les trous pour mettre la dynamite, poussent eux-mêmes les chariots, etc. Leur espérance de vie est donc par conséquent assez faible. Et ces mines se visitent...
Nous commençons par passer par le "marché des mineurs", où nous achetons des cadeaux pour les travailleurs : boissons, feuilles de coca, dynamite, etc. C'est d'ailleurs le seul marché au monde (?) où l'on peut acheter de la dynamite en libre accés. Nous continuons le tour par une visite rapide de l'usine de traitement du zinc et de l'argent. Je n'ai pas tout compris, par manque de vocabulaire technique, mais j'ai pigé l'essentiel je pense. Nous poursuivons par une petite vue panoramique depuis un mirador.
Tout cela se fait en mâchant des feuilles de coca pour aider à lutter contre l'altitude (qui ne m'a jamais posé de problèmes) et la chaleur à venir dans la mine. Dans la pratique, on ne mâche pas vraiment : on prend quelques feuilles de coca dont on fait une boule, on mordille deux trois fois dedans, on rajoute un petit bout de je ne sais quoi (un cataliseur) qui aide le suc des feuilles à bien sortir, pour que la Coca fasse son effet, puis on rajoute très régulièrement une petite feuille rapidement mâchée à la boule de coca, qui grossit peu à peu. Au bout d'un moment la zone de la bouche où est présente la boule devient insensible, c'est signe que la coca fait son effet. Pour ma part je ne trouve pas ça très fun : on se retrouve avec des petits bouts de feuille partout dans les dents, le goût n'a rien d'agréable (ceci dit ce n'est pas désagréable non plus). Bref, je suis pour le maté de coca, qui se prépare (et a plus ou moins le même goût) comme la verveine.
Nous finissons par rentrer dans la mine. C'est assez impressionnant : passages très étroits, très bas. Nous devons régulièrement nous applatir contre les parois pour laisser passer les chariots poussés par les mineurs (1 tonne tractée par deux personnes...). Leur travail est dur : chaleur, gros efforts, ils ne s'arrêtent pas de la journée, pas même pour manger. D'où l'importance pour eux de la coca et de ses effets coupe faim/fatigue. Le "deal" lors d'un tour, est plus ou moins "je te file une bouteille / de la coca" et en échange tu me laisses prendre une photo. Pour ma part je n'ai pas pu, je trouvais que cela faisait vraiment trop... Zoo... Je ne sais pas trop. Vous allez me dire que le fait de venir les voir travailler c'est la même chose, et c'est peut être vrai. Mais bon. Pas tout à fait non plus. Bref, toujours est-il que vous ne verrez pas de photos en gros plan de mineurs. Pour ça il faudrait vous rapprocher de l'Argentin du groupe (nous étions 4 : un couple d'Argentins et un Italien) qui mitraillait tout ce qui bougeait. Et se faisait engueler par notre guide, parce qu'il gênait tout le monde. Les Argentins, je te jure... ;) Le problème du "je te donne ... et je prends une photo" c'est que les mineurs devenaient agressifs lorsqu'ils nous croisaient, exigeant sans cesse qu'on leur file quelque chose, nous insultant presque lorsque nous refusions, nous lançant des bouteilles vides, etc. A notre décharge, il faut dire que notre groupe de 4 ne pouvait pas non plus fournir en boisson toute la mine... Je veux bien croire que leur boulot soit des plus ingrats, mais cela énerve et stresse à la fin. Bref, une expérience intéressante au final. Un peu dérangeant lorsque l'on voit leurs conditions de travail.

De retour de la mine, nous changeons d'hôtel pour une auberge moins chère. Après un déjeuner à 4 bolivianos ( 1Ä = 10 Bs) nous faisons une petite visite de la ville. Celle ci est assez agréable à visiter. Comme c'est période de carnaval dans toute la Bolivie, nous croiserons une foule de stands vendant pistolets à eau, ballons (pour faire des bombes à eau. Mouiller ses concitoyens est le grand jeu du carnaval), cotillons, masques, pétards.
On m'avait conseillé de goûter un plat typique du coin : la Calapurka. Il s'agit d'une soupe dans laquelle on met des pierres chaudes. Les courants thermiques ainsi produits donnent l'impression d'une erruption volcanique dans son assiette. Mais pas de bol, seuls deux restos le proposent, et seulement à midi. Ce sera pour un autre voyage, puisque je pars le lendemain matin.
Nous serons interrompus dans notre balade par la pluie, qui nous obligera à nous réfugier sous un marché couvert. Chose amusante : nous sommes situés tout près de l'entrée, et pouvons donc suivre les mouvements de foule. Et bien croyez le ou pas, mais tous les gens, trempés, que nous avons vus rentrer s'abriter dans le marché arboraient un grand sourire. Allez savoir pourquoi.
Nous finirons la journée dans le noir (panne d'électricité dans l'hôtel), en mangeant des pâtes sous cuites et des oeufs durs explosant lors de la cuisson (ça je n'avais jamais vu).