C'est marrant comme l'on ne se rend compte de l'importance de certaines choses que lorsque l'on sort de son propre pays. Ces choses dont on a un peu conscience en France, dont on nous parle plus ou moins souvent, mais qui restent terriblement lointaines, presque théoriques et finalement pas si importantes que cela. Et ce sera peut-être encore le cas pour vous à l'issue de ce paragraphe...
Je vous contais dans un vieux post l'importance du rôle joué par TV5 pour les Français à l'étranger, tant sur le plan affectif que sur le plan informatif. Discuter avec Wendy m'a également fait prendre conscience du rôle éminemment stratégique, commercialement parlant, que pouvaient avoir les ambassades. Vivre ici un an m'a plus ou moins fait sentir de manière pratique (et non théorique) la nécessité que pouvaient avoir certains compatriotes de former une communauté. Le salon du livre auquel je me suis rendu il y a deux semaines m'a, quant à lui, éclairé sur cette notion finalement assez floue vue de France qu'est le rayonnement culturel. Jusqu'à ce que je vienne en Argentine, je n'avais qu'une vague idée de ce que cela représentait. Bien sûr, je connaissais la définition de la chose, mais finalement, à quoi cela ressemblait, sur le terrain, ça... C'était jusqu'à ce que je tombe sur le stand de la France à ce salon du livre. Où tout d'un coup l'on se dit que, tous ces étudiants qui me parlent de Voltaire, de Rousseau, c'est un peu ça le rayonnement d'un pays. Ces personnes qui meurent d'envie d'apprendre la langue de Molière. Qui peuvent me parler de musiciens français que je ne connais même pas. Qui connaissent l'histoire de mon pays mieux que moi. Et que des opérations comme un stand au salon du livre, des parrainages par l'ambassade de France de concerts ou expositions, l'existence de l'alliance française, c'est finalement super important même si cela ne le parait pas vraiment vu de France. Vraiment.
Ceci étant dit, j'ai quand même été étonné par le choix des livres proposés par ´ notre " stand. Très peu de classiques, beaucoup de revues et des úuvres contemporaines dont je n'avais jamais entendu parler. Par contre l'odeur des Folio est la même qu'en France :o)

Dans le même registre de la prise de conscience, je commence doucement à chercher un premier job ou un dernier stage, au choix. Personnellement je cherche plutôt un premier emploi, mais les employeurs ont étrangement tendance à préférer le dernier stage, financièrement plus intéressant pour eux, donc on verra bien ce que je trouve. Je ne m'y suis pas encore mis sérieusement, des projets scolaires ayant surgi soudainement, mais j'ai déjà commencé à y réfléchir. Et il s'est passé une chose étrange alors que j'étais sur le site d'une entreprise, en train de voir le type de postes qu'ils proposaient. Mon cúur s'est soudainement mis à battre très fort, et j'ai eu l'impression de me retrouver, tel Spiderman débutant, tout en haut du bâtiment le plus élevé de la ville, agrippé maladroitement à la boule du paratonnerre. La cité s'étend sous les pieds de l'homme araignée dans toutes les directions, lui donnant presque le vertige. Notre héros se sent un peu perdu, ou plutôt impressionné. Il doit choisir une direction, mais n'est pas encore très sûr de celle qui lui semble la meilleure. Tellement d'opportunités, de choix possibles... Vers quoi s'orienter ? Hésitation... Doutes... Mais aussi cette étrange exaltation mêlée de crainte de celui qui va découvrir un territoire inconnu. Et puis ça y est, il se lance. Les jambes un peu molles, les genoux tremblants, le ventre un peu bizarre mais les yeux grands ouverts et le sourire aux lèvres. Il fonce vers son destin.
Bon, sauf que lui a ses fils gluants au cas où il se trompe de voie, mais ça c'est une autre histoire. Moi je n'ai pas encore sauté mais j'ai déjà lâché les deux mains du paratonnerre. Et je tâte du bout du pied, un peu comme avant de rentrer dans un bain, pour être sûr de la direction générale vers laquelle m'élancer.
Depuis quelque temps je me surprends de plus en plus à penser à la vie que j'aurai dans quelque mois : job, ville, appartement, amis, projets persos... Un peu logique me direz-vous, cela se rapproche. Mais j'aurais presque envie que mon séjour en Argentine se termine, que je puisse enfin rentrer ´ dans le grand bain ". Non pas que ce séjour m'ennuie ou que je sois nostalgique du pays, mais quand j'y pense, cela fait maintenant plus ou moins 24 ans que je me prépare à entrer dans la vie active et j'en deviendrais presque... impatient !

Vendredi soir, après plusieurs semaines passées à essayer de trouver une date qui convienne à tous, Ana, Inès et Martin sont passés manger à la maison. Au menu, pizzas caseras, améliorées suivant les conseils de Martin. C'était la première fois que je les revoyais depuis mon retour de voyage, si l'on excepte mon rapide passage chez eux pour récupérer les valises que j'y avais laissées. Rien de neuf pour Inès. Martin a changé de job, maintenant il est chef dans un club de dégustation de vin, ce qui lui plait assez pour le moment. Ana a commencé à bosser dans la partie administrative et communication d'une université.
Ils ont donc fait la connaissance de mon appartement et de mes trois colocataires. Ces derniers arrivant ou repartant les uns après les autres, cela a aidé à avoir des portions de pizza raisonnables ^-^. Bonne soirée au final.

Sinon pas grand-chose de neuf. Ah si, je suis en train de perdre Charly, le meilleur ami de Bob. Je ne sais pas si je vous avais déjà présentés... Charly, c'est le pantalon noir qui m'a accompagné durant mes deux mois et demi de voyage. Nan, j'en avais un autre aussi, Eddy (il m'arrivait quand même de me laver ou de changer de vêtement) mais Charly était mon préféré. Sauf que je l'avais acheté lors de mon passage aux chutes d'Iguaçu pour une bouchée de pain, et que forcément la qualité s'en ressent un peu. Et depuis que je le lave en machine, il commence peu à peu à partir en pièces et à se déchirer. Pourtant c'est un chouette pantalon, super pratique : très léger, il sèche vite, il peut se dezipper pour passer en mode short ou pantacourt. Et Bob et lui s'entendent vraiment bien, comme cul et... heu, sac à dos. Je vais voir si j'arrive à le remettre en forme.

Hasta luego folks !