Chose promise, chose due, même avec du retard... Je vais donc essayer ici de faire un bilan de mon année en échange en Argentine. Je souhaite dire les choses telles que je les ressens, au risque peut-être parfois de choquer, de passer pour un ronchon ou de provoquer une certaine incompréhension. Ou pas. Je prends le risque. Et après avoir cité du Rousseau (vous aurez reconnu un extrait du prologue de son autobiographie Les confessions) il va falloir être à la hauteur...

Autant vous le dire tout de suite, si le pays m'a plu, il ne m'a pas fasciné ou émerveillé. Pourtant, lorsque je discutais avec des voyageurs ou des étudiants en échange, ils arrivaient systématiquement à la conclusion suivante : l'Argentine, c'est super génial. Intrigué par la puissance de ce sentiment, j'ai essayé d'en savoir un peu plus. En creusant un peu, j'ai réussi à réduire, dans la plupart des cas, les raisons de cet amour aux quatre éléments suivants (dans le désordre) :

  • La vie n'est vraiment pas chère.
  • La nourriture est bonne.
  • La vie nocturne est très développée.
  • Les gens sont très chaleureux.

Voilà qui est intriguant. Bien sûr, je simplifie un peu la réalité, certains de mes camarades citant des éléments un peu plus profonds que les trois premiers, mais il n'empêche, la grande majorité s'y cantonnait...
Dans ce cas, je suis d'accord avec eux. Effectivement, la vie n'est pas chère (et mon retour à Paris m'en fait chaque jour prendre conscience), on y mange bien, les gens sont plus chaleureux qu'en France et sortent beaucoup plus le soir, à Buenos Aires en tout cas. Mais est-ce que c'est cela, l'Argentine ? Peut-on réduire un pays à ces impressions de touriste ? Moi cela me dérange un peu. Cela me gêne même... C'est peut-être pour cela que j'ai du mal à dire que l'Argentine m'a beaucoup plu.

Parce qu'en fait, à moi, ce qui m'a plu, plus que l'Argentine, c'est le fait d'être à l'étranger. Avoir les avantages de l'étudiant-touriste avec un fort pouvoir d'achat. Ca oui, clairement. Mais cela aurait pu être plus ou moins n'importe ou en fait. J'ai trouvé Buenos Aires très peu dépaysant, je l'ai dit plusieurs fois sur ce blog. Passer cette même année à Londres, Madrid ou Berlin aurait donc plus ou moins eu le même effet sur moi. Les avantages retirés ne découlaient pas du fait d'être dans tel ou tel pays, mais du fait de ne pas être en France.

Et là oui, j'ai adoré l'expérience. J'en ai profité pour faire des tas de choses que je ne faisais pas en France : je me suis mis à la cuisine, à la photographie, ...
J'ai beaucoup changé sur le plan personnel grâce à la disparition du ´ poids " de la société. Je suis certainement plus sûr de moi qu'avant, je me suis affirmé. Je ne cherche plus à être systématiquement gentil avec tout le monde, je réussi même parfois à être presque égoÔste, à ne pas faire systématiquement passer mon intérêt personnel après celui des autres.
J'ai aussi changé grâce à ce blog, et je ne parle pas seulement de mon style d'écriture. Ce media m'a forcé à améliorer mes capacités d'analyse. Il m'a poussé à savoir prendre un peu d'indépendance, de distance par rapport à ce que pouvait me dire mes lecteurs. Il m'a également permis de faire des rencontres très intéressantes et qui ont probablement changé ma vie (et vont certainement continuer à le faire : une fois qu'un fil est tiré...) dans des proportions non négligeables.

Alors n'attendez pas de moi que m'exclame, comme ces gens qui répètent ce que l'on attend d'eux jusqu'à finir par s'en auto-convaincre, que Buenos Aires ´ j'ai grave adoré ". Oui, Buenos Aires m'a plu, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Mais ce n'est pas Buenos Aires que je retiendrai de cette expérience. C'est tout le contexte qu'il y avait autour. Et c'est pour ce même contexte que je ne regretterai jamais cette expérience.